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Lajan ka koupé fè, min pèp ka koupé lajan (Traduction littérale : L’argent coupe le fer mais le peup

Mes chers amis, Probablement insomniaque ou anxieux à quelques heures de mon départ pour Pointe-à-Pitre de Paris, j'ai écrit dans la nuit un article sur le sens et la portée, pour nous "euro-caribéens", du "NON" des grecs au referendum de ce 5/7/15. Je vous le laisse lire et m'expose à vos commentaires, enrichissants, j'espère. Le NON des grecs au référendum doit résonner ici et dans toute la Caraïbe

Lajan ka koupé fè, min pèp ka koupé lajan (Traduction littérale : L’argent coupe le fer mais le peuple coupe l’argent) Le « NON » des Grecs sonne le glas d’une politique libérale exacerbée pratiquée par l’Union européenne, sous l’impulsion des lobbys, que j’ai toujours critiquée, tout particulièrement à l’occasion des campagnes aux élections européennes. Ce « NON » augure d’un sursaut des peuples, qui semblaient résignés et fatalistes. C’est, selon moi, l’expression d’une forme de résistance populaire à l’usurpation du pouvoir par les technocrates, au détriment des représentants élus. L’attitude des représentants de ce qu’il est convenu d’appeler la « Troïka » (Commission européenne - CE, Fonds monétaire internationale - FMI, Banque centrale européenne – BCE) envers le 1er Ministre grec est symptomatique du déni démocratique auquel on assiste, sous la toute puissante influence de l’argent. « Lajan ka koupé fè », dit-on en créole Le mot "Démocratie" vient du grec "démokratia" signifiant "gouvernement populaire", composé du grec "demos", le peuple "qui habite la cité", et du grec "kratos", celui qui est fort, puissant, au sens de celui qui est "capable de gouverner". Mais la foi aveugle et sourde en l’argent, finit par faire croire que la « démocratie » serait un concept creux et dépassé, voire même une arnaque consistant à faire croire au peuple que c’est lui qui gouverne, alors qu’en réalité, le pouvoir est exercée par une oligarchie dont le centre névralgique est sis entre London, New York et Bruxelles. Déçu, dépité et désenchanté, le peuple finit par se réfugier dans l’individualisme, le désintérêt pour les associations, les syndicats, les partis politiques, et choisit l’abstention. C’est ainsi que la désaffection pour les organes traditionnels d’intégration, qui concouraient à la cohésion sociale, génère une violence sociétale. L’émergence de partis politique comme « Podemos » en Espagne, « Syriza » en Grèce et l’explosion de joie qui y a suivi la victoire du NON au referendum de ce dimanche 5 juillet 2015 doivent éclairer la conscience des guadeloupéens et de tous les caribéens. Tout peuple conscient et mobilisé peut faire ce que les grecs ont fait, en bravant les pressions en tout genre exercées sur eux pour les faire voter « OUI » et désavouer le 1er Ministre qu’ils venaient eux mêmes de porter au pouvoir. La plupart des pays de la Caraïbe et d’Amérique du sud ont eu à subir et subissent encore ces programmes d’austérité, faits de réduction de l’action publique au profit de sociétés multinationales privées, de suppression de leurs barrières douanières, de déréglementation… A l’égard de ces pays du sud, le FMI, les Banques internationales et les diverses institutions financières de l’hémisphère nord, ont mis en œuvre depuis tantôt, dans l’indifférence des médias internationaux, les fameux Plans d’Ajustement Structurel (P.A.S) qui ont asphyxié ces petits Etats de la Caraïbe et creusé le fossé existant entre les classes sociales, les riches devenant plus riches que jamais, et les pauvres plus pauvres. Habitués à souffrir en silence, les peuples de la Caraïbe ont serré les dents, mais ont continué à croire dans le jeu démocratique. Les visiteurs sont épatés par la passion et l’engagement que suscitent encore, malgré la pauvreté, les élections en Dominique, en Haïti, en Jamaïque, par exemple. Mais le jeu politique est enfermé dans une foi commune dans le libéralisme, imposée par « les créanciers » internationaux de ces Etats souverains. Nul, dans la Caraïbe au sens large, à l’exclusion de Castro à Cuba, Bishop en Grenade et Chavez au Venezuela, sauf oubli de ma part, n’a osé opposer un autre modèle économique, qui substituerait à la recherche effrénée de croissance, un partage équitable du travail et des richesses, une aspiration à la santé et au bien être, dans un environnement sain. Puisse le « NON » exprimé haut et fort en Grèce raisonner dans les esprits et les consciences de tous les peuples et dirigeants de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique et Guyane incluses), comme un rappel des fondements de la démocratie, c’est-à-dire le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple. Cela veut aussi dire que le peuple ne doit jamais se résigner, jamais renoncer à exercer ce pouvoir, sous peine de laisser les intérêts privés vaincre l’intérêt général. Moi, j’entends le NON des grecs aussi comme un « NON » à la passivité, à la résignation et à l’ABSTENTION, un mal qui altère le jeu démocratique dans nos contrées et verrouille la scène politique. Je vois aussi dans ce « NON », une chance pour l’écologie politique de s’affirmer, et de promouvoir l’économie sociale et solidaire, comme une alternative au libéral productivisme. Harry J. DURIMEL Porte-Parole de Caraïbe Ecologie – Les Verts

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