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Harry Durimel

Pointe-à-Pitre brûle, se noie et se meurt. Que faisons nous ?

Dernière mise à jour : 31 mai 2021


Au lendemain de l’incendie de la rue Peynier, suivi d’une inondation après un bref épisode pluvieux à Pointe-à-Pitre, c’est la consternation et l’émotion qui prévalent. La peine des victimes, notre compassion instinctive à leur égard, la douleur et l’émotion que suscitent, telle une plaie nécrosée, les ruines laissées par ce terrible incendie forçaient le silence, le recueillement et la solidarité. Mais maintenant que les braises sont éteintes, réduites en cendres, que les clameurs se sont tues, je peux, sans risquer d’être accusé de faire de la récupération à des fins bassement politiciennes, émettre une opinion sur le drame que viennent d’endurer deux familles pointoises. Je n’ajouterai pas ma voix à celles qui dénigrent sans nuance. Mais je ne volerai pas non plus au secours du Maire, même s’il est excessif de lui reprocher d’avoir pratiquement brûlé des joyaux du patrimoine pointois ! La parole de l’élu que je suis ne peut se limiter à des cris d’orfraie et aux anathèmes. Passé le temps de l’émotion, la raison commande que nous, qui disons avoir une vision, un rêve pour cette ville de Pointe-à-Pitre, nous analysions les causes de cet énième sinistre et prenions les dispositions qui s’imposent pour les prévenir. C’est aux citoyens pointois, en particulier, que je m’adresse, mais aussi aux guadeloupéens attristés qui ont le regard braqué sur cette ville, laquelle à leurs yeux reste une ville capitale. Car la mère des causes de ce déclin tous azimuts de Pointe-à-Pitre, c’est l’abandon de la ville, la passivité des pointois, qui se manifestent, notamment, par plus de 40% d’abstentionnistes aux élections municipales et la multiplication des ruines, des rideaux qui se baissent définitivement, des squatters, des SDF etc... Chacun doit se sentir concerné, interpellé par le déclin de Pointe à Pitre, porte d’entrée de notre pays. Et plutôt que de se contenter de gémir, de critiquer et de dénigrer, tout citoyen pointois devrait se demander s’il n’a pas, par abstention ou par routine, contribué à cette situation. Car ce qui arrive à Pointe à Pitre est la résultante d’une politique clientéliste que nous avons sans cesse dénoncée, essentiellement tournée vers la satisfaction d’une somme d’intérêts particuliers, suffisante pour recueillir une relative majorité aux élections. Or, nous savons tous que cette politique clientéliste au rabais, qui ne vise qu’à entretenir un petit électorat, n’offre aucune perspective à la ville. Nous savons aussi que c’est l’abstention écrasante et la division de l’opposition qui facilitent le maintien au pouvoir d’une municipalité minoritaire, l’avatar d’une gouvernance archaïque à bout de souffle, épuisée par un règne trop long de plus d’un demi-siècle. Objectivement, si Pointe-à-Pitre se meurt, c’est par la conjugaison de plusieurs facteurs : Déclin démographique et social, avec une baisse de plus 32% de sa population en 20 ans, un chômage élevé (33,6%) de nombreux habitants à faible pouvoir d'achat, entassés dans des quartiers proposant une faible offre commerciale, de services et d'emplois, ce qui cultive une mauvaise image de ces quartiers et de leurs habitants sur le marché de l’emploi et des affaires. Déclin financier : un déficit de 56.005.797,14 € au 31 décembre 2016, une capacité d’autofinancement anéantie et une pression fiscale exacerbée. Pour autant, les produits des impôts locaux sont en baisse, faute d’habitants imposables. Une gestion opaque, en violation réitérée des règles de la comptabilité publique. Dégradation de l’environnement et de l’urbanisme. Pointe-à-Pitre est une ville très sale. Souvenons nous en 2013, le décès de deux pointois frappés par la leptospirose avaient défrayé la chronique et nous nous demandions « comment encore peut-on mourir par les rats en 2013, dans une « ville d’art et d’histoire ? » Des « dents-creuses », une urbanisation et une politique du logement inadaptées et non durables, une ville gangrenée par l’insécurité et la délinquance, voilà le visage qu’offre Pointe-à-Pitre aux nombreux croisiéristes qui arpentent ses rues en demandant aux passants, avec une grimace : « is that the capital ? est-ce ça la capitale ?» Puisse l’incendie tragique de la rue Peynier résonner comme une alarme, un appel au secours, et provoquer un déclic citoyen, donner à chacun l’envie de se retrousser les manches et s’investir dans une alternative politique, pour sauver Pointe à Pitre. Plus que jamais, Pointe à Pitre a besoin d’union, de solidarité et d’énergies nouvelles. Le REV appelle les citoyens à se mobiliser et s’unir pour relever le défi de : Construire une ville dynamique et solidaire, fiscalement plus attractive. Revitaliser l’économie et arrêter la fuite des contribuables aisés, créer, en partenariat avec des investisseurs privés, promouvoir la dimension balnéaire de Pointe-à-Pitre, ville littorale. Aménager une ville écologique, accueillante et accessible, agréable à vivre, ayant le souci de la sûreté urbaine. Promouvoir une ville citoyenne en favorisant les initiatives individuelles et collectives et en donnant aux habitants une nouvelle capacité de s'approprier les choix politiques. Instaurer la démocratie participative, à tous les échelons de l’action municipale. Pointe-à-Pitre le 11 février 2019 Harry J. DURIMEL Conseiller municipal, Président du REV – Guadeloupe

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